par Richard Langelier, docteur en droit (LL.D.) et sociologue
Saint-Bonaventure, le 5 juin 2023.
Aux élu.e.s de la MRC Nicolet-Yamaska,
Cher.e.s élu.e.s,
Pendant plus de 10 ans, avec certains collègues du Collectif scientifique, j’ai soutenu les élu.e.s locaux dans leurs luttes pour protéger leurs sources d’eau potable face aux encombrantes sociétés gazières. Avec Maïté Blanchet Vézina, alors mairesse de Sainte-Luce et aujourd’hui ministre des Forêts et de la Faune, Denise Gendron, mairesse de Sainte-Monique-de-Nicolet et une dizaine d’autres mairesses et maires, nous avons travaillé à informer et mobiliser les citoyens. En collaboration avec les comités de citoyens, les scientifiques indépendants et élu.e.s locaux ont constitué un rapport de force qui a permis de gagner cette bataille. Aujourd’hui, la recherche d’hydrocarbure avec l’adoption de la loi est interdite au Québec.
C’est fier de ces résultats et dans l’esprit de servir les intérêts fondamentaux des résidents et résidentes de notre région que je m’adresse à vous aujourd’hui. Certes, les gaz de schiste et la production d’énergie par des éoliennes sont des projets qualitativement différents. Des comparaisons sont cependant valides sur au moins un aspect de ces projets : sans acceptabilité sociale, tout projet de ce type conduit à un cul-de-sac et à des conflits qui menacent la paix sociale et l’harmonie entre les citoyens.
Ayant discuté longuement avec des élu.e.s dans plusieurs MRC du Centre-du-Québec et avec de très nombreux citoyens et citoyennes, j’ai pu constater que l’information rendue disponible aux citoyens, malgré vos efforts, n’est pas à la hauteur et de façon globale ne permet pas de prendre une décision éclairée. Des interrogations, des inquiétudes, des doutes sur la pertinence du projet dominent encore largement.
Les renseignements fournis sur nombre de nuisances associés à ces énormes machines montrent que les promoteurs sont incapables de répondre adéquatement à plusieurs interrogations.
Mais comment s’en étonner ? Le projet est mené avec une précipitation qui, certes, ne résulte pas de votre volonté et vous est largement imposée.
Mais dans un tel contexte, pour éviter les déchirements, les conflits et les algarades souvent véhiculées par les réseaux sociaux, ne vaut-il pas mieux faire un pas de côté afin de mettre en place les conditions permettant le succès du projet ?
C’est dans cet esprit qu’avec la collaboration de Me Jean-François Girard, un avocat spécialisé en droit municipal et en droit de l’environnement, que nous avons formulé un projet de règlement municipal qui permettrait, nous en sommes convaincus, d’éviter le pire et d’obtenir un large consensus social sur la pertinence ou non de ce projet.
Nous vous invitons donc à en prendre connaissance et de réfléchir à sa pertinence.
Aller plus loin et plus vite comme vous vous apprêtez à le faire constitue la voie royale pour la division de la communauté. La bataille engendrée par un tel projet dans une autre MRC laisse encore des stigmates profonds plus de 10 ans après l’installation du parc éolien. Veut-on suivre cet exemple ?
Oui, il y a eu de grands succès dans l’Est. Mais il ne faut pas oublier que le contexte est fort différent de celui qui nous occupe. Installer des éoliennes dans des terres publiques et dans des TNO et le faire sur des terres privées, ce n’est pas le même défi.
Dans les prochains jours, Me Girard et moi tiendrons une rencontre zoom ouvert aux élu.e.s locaux afin d’expliquer plus en détail le contenu du projet de règlement que nous vous proposons.
D’ores et déjà, vous pouvez me transmettre vos premiers commentaires.
Recevez, cher.e.s élu.e.s, mes plus cordiales salutations
Richard E. Langelier
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