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La privatisation d’Hydro-Québec se prépare en achetant l’acceptabilité sociale, une MRC à la fois, a dénoncé l’analyste énergétique Jean-François Blain lors d’une conférence donnée le 15 avril dernier à Nicolet, au Centre-du-Québec.
C’est devant plus de 80 personnes que Jean-François Blain a vulgarisé les enjeux complexes entourant la privatisation de la production énergétique. Sa présentation percutante a été saluée par une ovation debout de la part de l’auditoire.
Selon lui, Hydro-Québec n’a nul besoin de l’investissement des MRC pour financer ses projets d’énergie renouvelable. Le modèle actuel proposé, soutient-il, vise plutôt à acheter l’acceptabilité sociale en faisant des MRC des « partenaires » financiers, leur promettant théoriquement 50 % des bénéfices au sein de sociétés en commandite administrées par des promoteurs privés.
Jean-François Blain met en garde contre ce processus de privatisation qu’il qualifie de « sournois », où les actifs de production sont morcelés entre plusieurs actionnaires. Cette dynamique risque, à terme, de provoquer une hausse importante des tarifs d’électricité et de fragiliser la société d’État, emportant avec elle le pacte social qui a historiquement contribué au financement des services sociaux et au développement économique du Québec.
« Ce modèle déplace le débat fondamental en région, au lieu de l’assumer nationalement : devons-nous préserver le caractère monopolistique d’Hydro-Québec ou accepter sa privatisation progressive ? », a-t-il questionné, rappelant l’héritage précieux de la nationalisation de l’électricité pour la cohésion et la prospérité collective.
M. Blain a aussi souligné que les gains financiers escomptés pour les MRC entrent en contradiction directe avec les intérêts des citoyens québécois, à la fois consommateurs d’électricité et bénéficiaires des services financés par Hydro-Québec.
Son intervention s’inscrit dans un contexte où, selon l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC), la privatisation énergétique progressive aurait déjà coûté 6 milliards de dollars aux Québécois au cours des 25 dernières années. La situation est appelée à s’accélérer avec l’adoption éventuelle du projet de loi 69, et ce, sans véritable débat démocratique.
Présent dans l’auditoire, Claude Lefebvre, maire de Baie-du-Febvre, préfet adjoint de la MRC de Nicolet-Yamaska et président de la Régie d’énergie renouvelable du Centre-du-Québec (RERCQ), n’a pas commenté les conclusions préoccupantes de l’analyste.