Les oiseaux et les éoliennes

Texte de Céline Marier biologiste, professeure retraitée du Cegep de Drummondville et membre du Collectif scientifique.

« Au Québec, la proportion d’oiseaux migrateurs est un peu plus de 80 % de la population,  car la majorité de nos oiseaux se nourrissent d’insectes. À la fin de l’été, ils doivent donc partir, sauf ceux qui consomment des graines, comme le geai bleu, la sittelle à poitrine blanche ou la mésange à tête noire. Certains migrent de jour et d’autres de nuit, la plupart en groupe appelé nuée. Destinations? Le sud des États-Unis, le Mexique, l’Amérique centrale, les Caraïbes ou l’Amérique du sud.

En Amérique du Nord, les voies migratoires correspondent à quatre grands couloirs aériens: le littoral de l’océan Atlantique, le fleuve Mississippi, la voie centrale (Rocheuses) et les rives de l’océan Pacifique. Nos oiseaux utilisent les deux premières voies pour ensuite bifurquer sur des voies secondaires jusqu’à la destination prévue.

Pourquoi reviennent-ils?

Tous nos petits oiseaux reviennent ici pour la même raison, soit la sécurité pour nicher, mais aussi pour l’abondance de nourriture et la longueur des journées.

Impact des éoliennes sur les oiseaux

Les actuels projets à l’étude prévoient la construction d’éoliennes monstres. Jusqu’à 200 m de hauteur avec des pales de 55 m. Avant de construire un parc éolien, il est essentiel d’en évaluer les impacts sur les oiseaux, en période de migration ou non.  Il faut donc commencer par connaître la distribution et l’abondance de tous les oiseaux utilisant le secteur concerné soit pour l’alimentation, soit pour la nidification, soit pour la migration. On doit aussi évaluer la direction et l’altitude de vol des oiseaux observés près du site.

En présence d’une éolienne, les oiseaux peuvent présenter trois types de réponse :

  • Évitement : Les oiseaux, s’ils le peuvent, évitent les éoliennes en arrivant à proximité. Ce comportement permet ainsi d’échapper aux risques de mortalité par collision, mais entraîne une augmentation de la distance de vol pour contourner l’obstacle et ainsi une dépense énergétique plus importante.
  • Adaptation : Certains oiseaux s’adaptent à la destruction et à la modification de l’habitat suite à la création d’un parc éolien. Cette perte d’habitat, d’alimentation ou de nidification oblige les oiseaux à effectuer une nouvelle recherche de sites, nécessitant une dépense énergétique supplémentaire. Comme pour la tactique d’évitement, cette dépense énergétique supplémentaire a un impact qui dépend de l’espèce, de sa taille, de l’espacement des éoliennes, de l’ampleur de la dépense énergétique supplémentaire et de la capacité des oiseaux à compenser ce surplus d’énergie nécessaire.
  • Collision : La collision entraîne une mortalité directe des oiseaux et peut impacter la survie de l’espèce à moyen ou long terme suivant la sensibilité de l’espèce et ses effectifs. C’est particulièrement vrai pour les oiseaux en migration qui voyagent en nuée. Il peut alors se produire une véritable hécatombe!

C’est pourquoi le développement de nouvelles structures et leur emplacement doivent être choisis soigneusement pour éviter de se trouver sur la trajectoire des oiseaux résidents ou en migration. »


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